Bien des raisons différentes conduisent les parents à souhaiter que leurs enfants pratiquent la musique... La frustration de l’adulte qui aurait aimé pratiquer la musique sans jamais pouvoir le faire, pour quelque raison que ce soit, et la satisfaction de l’adulte qui a intégré la pratique musicale à son quotidien sont deux raisons courantes, légitimes...
Parfois, c’est l’enfant lui-même qui en fait la demande, et d’autres fois, c’est parce qu’il semble manifester un réel intérêt pour le monde du son...
En fait, les motivations qu’elles soient le fait des adultes ou des enfants sont innombrables ! Pourtant, il y a tout un jeu de conseils que l’on peut donner aux parents qui accompagnent leurs enfants sur ce chemin.
Quelques conseils...
En famille, chantez !
La pratique musicale sans implication affective n’est qu’une mécanique plus ou moins virtuose, le premier conseil sera d’avoir une pratique de chant en famille, là où l’affectif joue le plus naturellement et paisiblement son rôle. Les chansons traditionnelles, connues de presque tous sont là pour ça !
Tout est bon à écouter ! (presque tout...)
Ensuite, il faut se garder de prédestiner les enfants à un style musical particulier... La phase d’éveil, tout au contraire, demande l’écoute d’une grande variété de styles, et pour les parents de faire suffisamment abstraction de leurs propres goûts musicaux. Il faut écouter de la musique classique, baroque, ancienne, mais on fera attention de ne pas imposer des œuvres longues, comme les symphonies, opéras, où alors on les écoutera par petits morceaux. On choisira des œuvres plutôt vives, de compositeurs comme Mozart, Vivaldi... Et on évitera certainement une grande partie du répertoire romantique, en tout cas tout ce qui est affectivement pesant...
Il faut aussi écouter des musiques ethniques, lesquelles apporteront une infinie variété de couleurs sonores, absentes dans notre musique classique.
La musique de variété n’est pas à rejeter, mais on préfèrera celle où le chanteur ou la chanteuse chante vraiment !
Profitez que vous prenez l’initiative d’une écoute pour proposer des musiques différentes mais ne refusez pas à l’enfant la ré-écoute quand il le souhaite.
Au concert
L’écoute à la maison d’œuvres enregistrées peut être utilement complétée par l’audition en concert. Vous serez peut-être agréablement surpris par le comportement de votre enfant dans ce cadre. Mais là encore, choisissez soigneusement le type de situation, et prévoyez éventuellement d’écourter le concert si nécessaire... Pour les jeunes enfants, une heure sans entracte semble un grand maximum !
Par respect pour les interprètes, ne mettez pas les enfants au premier rang si vous ne pouvez pas vous-mêmes y être (à moins qu’un adulte ne puisse jouer le rôle de "modérateur" ou que cela soit expressément prévu). J’ai pour ma part gardé quelques mauvais souvenirs de concerts où quelques garnements bruyants et remuants, hors de tout contrôle, à quelques mètres de moi à peine, m’imposaient "d’assurer" une qualité minimale de jeu, sans pouvoir espérer atteindre quelque "transcendance" que ce soit...
Echangez aussi souvent que possible...
Qu’il s’agisse de musiques enregistrées ou vivantes, prévoyez quand c’est possible un temps pour des échanges avec l’enfant après coup. Mais souvenez-vous qu’il ne s’agit pas d’une discussion ! Non, ce temps est celui de l’enfant ! Et votre expression devrait se borner à favoriser la sienne propre...
Éduquer l’oreille
Enfin, s’il y a un organe essentiel dans toutes pratiques musicales, c’est bien l’oreille, laquelle bien sûr s’éduque et dès le plus jeune âge. Invitez les enfants à écouter les oiseaux, les bruits de la nature, les bruits familiers de la vie dans la maison... L’ouïe, tout comme la vue, est très focalisable (excusez le néologisme...), ce dont la distinction entre "écouter" et "entendre" rend d’ailleurs assez bien compte.
Une grande différence entre la vue et l’ouïe...
L’écoute pure, sans adjonction d’images imposées (comme à la télé), favorise la création d’images mentales personnelles et riches. De ce point de vue, l’ouïe n’a pas grand chose à voir avec la vue, cette dernière imposant des images toutes faites, parfois grossières, et ne laissant que peu de place à l’imagination de l’enfant...
L’enfant qui chante faux...
Tous les jeunes enfants chantent plus ou moins faux ! Chanter s’apprend, ce qui suppose qu’il y a un cadre où ils peuvent s’exercer...
Mais parfois, une raison plus sournoise explique cette difficulté, et c’est bien sûr l’ouïe qui est le plus souvent en cause et non la faculté d’émettre. S’il existe un doute à ce sujet, faites faire à l’enfant un bilan d’audition. Si une ré-éducation semble nécessaire, n’attendez pas que l’enfant grandisse en imaginant que les choses vont toujours s’arranger d’elle-mêmes. Bien sûr, c’est parfois le cas, mais cela reste rare, alors que des thérapeutes professionnels sont parfaitement à même d’aider l’enfant, avant même qu’il ne souffre psychologiquement de son affection [1].
Et quoi qu’il en soit, n’imaginez pas que les pratiques musicales sont inappropriées dans le cas de lésions pathologiques. Une pratique d’éveil musicale peut avoir des effets très favorables ! Dans ce cas bien sûr, il faut engager un dialogue avec l’animateur, car les objectifs devront être adaptés à l’enfant.
Lisez aussi cette page sur l’atelier hebdomadaire d’éveil musical à l’école de musique de Bouc Bel Air.